vendredi 16 décembre 2011

samedi 24 septembre 2011

Le roi des Pictes







Une fois de plus, un tableau inspiré de la prose de Robert E. Howard et de son personnage de Bran Mak Morn, roi des Pictes calédoniens. Alors que l'empire romain étend sa prise de plus en plus au nord des îles britanniques, Bran réalise que la défense de son pays échouera éventuellement; le poids de la couronne est bien lourd alors qu'il considère l'avenir de son peuple.



mercredi 21 septembre 2011

La bataille de la passe de Shamla








Tirée de l'histoire de Robert E. Howard Le colosse noir, cette scène montre son personnage le plus fameux, Conan le Cimmérien. Acrylique sur carton. Je suis assez déçu du résultat final, parce que je n'arrive pas à maîtriser ma tendance à dessiner au pinceau plutôt que de vraiment peindre. Acrylique sur carton.



dimanche 18 septembre 2011

Noël 2009

Le champ à Marceau





...Et c'est pas mal comme ça que je me remémore les champs de mon enfance. On y a construit tout un tas de maisons maintenant.





Acrylique sur toile.

Chasse galerie





Ce dessin a été conçu pour un t-shirt et pour des sacs d'épicerie vendus pour financer une équipe de compétition de bateau-dragon. La chasse galerie ici représentée est la version québécoise de son pendant européen, aussi appelée la chasse sauvage. Dans cette version-ci, l'histoire de la chasse galerie nous raconte comment des bûcherons en région éloignée ont voulu se rendre aux Trois-Rivières pour voir leurs fiancées au moins un soir, et ont pour ce faire accepté un pacte avec le diable: celui-ci leur fournirait un canot volant qui pourrait les mener à destination et les ramener au camp, mais les fêtards devraient absolument être de retour avant l'aube sinon leur âme était perdue.

jeudi 11 août 2011

La salle au drain










La salle au drain est l'endroit où on traîne les gens pour les exécuter discrétement sous un régime totalitaire. Pas de table bancale, pasde couchette inconfortable, pas d'indice que cette cellule est destinée à accueillir un détenu pour un certain temps. Elle est dénudée et déprimante et on y trouve un drain au milieu d'un plancher légèrement en pente, nous faisant nous demander ce qui aurait besoin d'être rincé occasionnellement par ici. Mais mieux vaut ne pas trop y penser finalement.

Acrylique sur toile.



samedi 30 juillet 2011

L'orage approche







Tableau inspiré par un bel orage d'été. La lumière semble toujours drainée par ces lointains nuages bas, et tout bruit semble s'arrêter pour quelques minutes avant que le front de la tempête ne nous atteigne.

Acrylique sur toile.



samedi 23 juillet 2011

La chambre rouge





Acrylique sur bois.


Je voulais que cette chambre rouge évoque les couvertures des vieux magazines d'aventure des années '30, toutes pétries des mystères d'un orient qui n'a probablement jamais existé que dans l'imagination des romanciers occidentaux. Le docteur Fu Manchu ou Dragon Lady pourraient se cacher derrière ce seuil.

Je voulais aussi faire cadrer le personnage dans une scène aussi géométrique que possible, un peu dans le ton d'un tableau de Klimmt. La porte elle-même fait un angle droit avec le motif décoratif du mur et l'espèce de bouclier de bronze en haut à gauche équilibre le demi-cercle du brasero en bas à gauche. Le kimono de la dame tombe tout droit, comme si ses revers étaient lestés de plomb. Elle contraste aussi avec la fumée en ce qu'elle adopte une posture assez anguleuse alors que la fumée (qui est la seule chose se mouvant, ici, bien qu'inanimée) a un trajet assez capricieux. La dame semble moint vivante que la fumée, finalement: est-ce parce qu'elle est d'une manière ou de l'autre prisonnière de ce décor alors que la fumée s'élève vers sa liberté?








Voici un gros-plan:







lundi 18 juillet 2011

Le chenil





Un de mes amis, non content d'être un scientifique de renom, maintien son propre chenil de chiens de traîneau.

Il a choisi ceci comme logo officiel:



Je l'aime pas mal, bien que le chien ayant servi de modèle ne soit plus au chenil. Le travail a commencé par une copie manuelle (au crayon plomb) d'une photo du chien, afin de bien reproduire son "masque". Pour le fond, j'ai utilisé le crayon avant d'étaler le graphite avec un doigt. J'ai ensuite utilisé successivement plusieurs filtres en Photoshop (j'oublie lesquels, mais Poster Edges était certainement l'un d'entre eux) jusqu'à obtention d'un effet satisfaisant. Le soleil est une simple sélection circulaire.

En voici un autre (pas choisi!) que j'aimais bien: il est un peu plus tranquille, mais il évoque la tranquillité d'une nuit d'hiver. quand la neige tombe et étouffe tous les bruits, quand les chiens sont comme des fantômes dans la forêt (quand ils n'aboient pas comme des gamins surexcités, je veux dire).




À l'exception de la silhouette canine et de la ligne du sommet des arbres, l'image est essentiellement le produit de plusieurs filtres Photoshop utilisés les uns après les autres.

mardi 12 juillet 2011

Palimpseste



Catastrophe, enfer et gâchis! Pas moyen de bien rendre le personnage pour ce tableau! L'esquisse était exactement comme je voulais, mais ici la jeune fille est trop grande, elle a l'air trop vieille, et en plus a l'air bien trop garçon. Et couche après couche de peinture blanche pour corriger la chose, ça ne s'arrangeait pas; en plus, le mur à droite avait l'air trop petit et, tout noir comme il l'était, ressemblait plus au cadre du portrait de la fille qu'au canevas vide où elle allait exercer ses talents de graffiteuse.

(Esquisse:)




Que faire, que faire? Pas grand choix ma foi: on sort le couteau de chasse et on gratte la toile pour en faire disparaître l'acrylique. Et on remet ça! D'abord le ciel, ce qui est trivial, et ensuite le mur... et là l'idée m'est venue que les murs couverts de graffiti sont souvent des successions de couches de dessins et de tags. La réutilisation d'un mur allait de pair avec la réutilisation de ma toile: les deux sont, essentiellement, des palimpsestes. J'avais le titre du tableau, même si je n'avais pas encore le tableau lui-même!

J'ai commencé avec les graffiti eux-mêmes, sachant que si je me plantais ça pourrait pratiquement être un avantage, puisqu'en repeignant par-dessus mes échecs je ne ferais que reproduire ce qui se passe sur les piliers des bretelles d'autoroute. (J'étais un peu nerveux parce que je n'ai aucun talent pour les graffiti; une amie m'a déjà demandé d'en décorer les murs de la chambre de son jeune fils, et ce fut la croix et la bannière pour produire quelque chose de plus ou moins crédible. J'ai aussi appris ce jour-là qu'il ne fallait pas utiliser de bombes de peinture à l'intérieur).

Voici les premières étapes du projet:




J'ai essayé de mettre des mots de différentes langues sur ce mur: il y a de l'espagnol, du mandarin, de l'allemand et de l'anglais, du français et du japonais et quelque chose d'inventé qui ressemble à du sanskrit.

La jeune fille est un peu ratée, en ce qu'elle ne ressemble pas à ce que je voulais. Encore trop grande, et pas du tout comme dans l'esquisse. Elle ne semblait pas non plus avoir la bonne attitude. Mais bon, j'avoue qu'à un moment je me suis contenté de ce que j'avais parce que le grattage de peinture, ça commençait à bien faire.




Il n'y a pas de perspective apparente ici, à part une très légère ombre projetée par le personnage. Le ciel ne s'arrête pas à l'horizon, qui est caché sous le toit, et comme on distingue très bien les semelles de ses bottes on devine qu'elle est vraiment très proche du bord, ce qui donne un léger sentiment de vertige. Ce vertige est aussi celui de l'artiste avant qu'elle commence son travail.





Maasai

Trois tubes d'acrylique à moitié sèche; un peu de latex blanc extérieur semi-lustré, un morceau de carton qui traînait par là... Il n'en faut pas plus pour laisser aller son imagination.

Les Maasai sont à mon avis les gens les plus photogéniques de la planète, et ce qui vaut pour la photo vaut pour la peinture aussi. La palette extraordinaire de peau foncée, de tissus rouges et de bijoux dorés mêlés aux ocres de la savane ne manquent jamais de me couper le souffle. Surtout sous un ciel céruléen qui n'en finit pas!

dimanche 10 juillet 2011

Barrinton encore

Deux enfants, alors deux tableaux mettant en vedette Barrington. Une fois de plus j'ai recherché une atmosphère à la Henri Lievens.





Un truc que j'ai remarqué avec le travail en couleur: tout à l'air beaucoup plus vrai si on s'en tient à un seul ton plutôt que de donner à chaque objet ses couleurs naturelles. Cela donne à la scène un aspect plus réaliste, et la fait moins ressembler à un dessin coloré.



samedi 9 juillet 2011

Barrington






Barrington est un personnage créé par ma soeur (le Barrington original était son ours en peluche, en fait). Bien que dans la vraie vie il ne dise jamais rien, nous savons tous dans la famille qu'il est aussi sage que distingué et qu'en plus il est un détective redoutable et un membre de la chambre des Lords britanniques. Rien de moins.

Au début des années '90, j'habitais en Allemagne et comme à l'époque on s'écrivait encore de vraies lettres sur du vrai papier, j'ajoutais au courrier adressé à ma soeur de courtes histoires absurdes mettant en vedette son ours. J'y représentais Barrington comme un avatar ursin du célèbre Harry Dickson, le détective inventé par l'écrivain belge Jean Ray sur le modèle de Sherlock Holmes. En voici un exemple.



Après plusieurs lettres du même acabit, je commençai à dessiner une B.D. sur Barrington et le personnage prit vie graphiquement. Ci-haut se trouve un tableau le représentant, devant le pub du coq et de la brouette, avec un décor dans le style de celui de Henri Lievens (le brillant illustrateur de tant de couvertures de livres de la collection Marabout Fantastique).



jeudi 30 juin 2011

La liberté de la B.D.

On dit parfois que la bande dessinée a ceci de supérieur aux films (en termes d'histoires racontées en images) que ses effets spéciaux ne coûtent vraiment pas cher. Je ne suis pas convaincu que cet argument soit encore très pertinent en cette époque où les ordinateurs sont omniprésents et permettent à n'importe qui de produire des effets visuels convaincants dans son sous-sol, en dix minutes, avec rien de plus qu'un écran vert. Mais tout cela n'est qu'une comparaison entre outils, et puisque la production de B.D. et de films relève souvent de modes de financement totalement différents, la comparaison est un peu académique en bout du compte.

Ceci dit, la B.D. nous permet bien entendu de faire un tas de choses, qu'on parle de sujets, des techniques utilisées, des approches narratives ou du style utilisé. Elle ne demande qu'un crayon et du papier, et est beaucoup plus protéiforme que la plupart des autres façons de raconter une histoire. Il est possible, par exemple, de n'utiliser qu'une seule image répétée, en changeant le contenu des bulles, pour obtenir un excellent récit. Certains créateurs utilisent même cette technique de façon régulière.

La B.D. est également géniale en ce que sitôt que vous avez quelque chose à dire, rien ne vous empêche de la pratiquer... même sans savoir dessiner. Une de mes B.D. préférées est réalisée en n'utilisant que des bonshommes allumettes. Comparons ce cas d'intelligence servie par un graphisme très épuré aux productions hollywoodiennes où des images de synthèse coûtant des millions de dollars servent un scénario alambiqué conçu par un comité et dont la vacuité n'a d'égale que l'évidente intention de faire vendre des produits dérivés.

À l'autre extrémité du spectre, il est tout aussi facile (même si ça demande pas mal plus de temps) de remplir chaque millimètre carré de la page de détails qui époustouffleront le lecteur, comme c'est le cas avec les oeuvres de Jean-Claude Gal ou de Philippe Druillet.





En d'autres termes, la liberté conférée par la B.D. est une grande part de ce qui rend cet art du récit différent des autres.

Pour en revenir à notre analogie cinématographique, il est très facile pour le bédéiste/producteur, si le coeur lui en dit, de dessiner une scène rurale sans avoir à déplacer toute une équipe de tournage dans un décor approprié. Et contrairement à ce qui serait possible dans une histoire en prose, vous pouvez incorporer tous les détails que vous voulez dans votre scène sans ralentir indûment le rhytme du récit. (Je ne jette pas la pierre à la prose, ici, qui repose sur l'imagination du lecteur plus que sur les descriptions exactes qui n'en finissent pas; je ne fais que souligner une possibilité offerte par l'aspect graphique de la B.D.)




La grammaire de la B.D. est également très dynamique et se partage facilement; pas besoin de nouveaux équipements pour créer, par exemple, une page d'ouverture à la Will Eisner, un bouillonnement d'énergie à la Jack Kirby ou un décor classique à la E. P. Jacobs. (Pouvez-vous identifier les vignes de Barry Windsor-Smith ou les sapins à la Gerhardt dans les images c-dessus?)

La syntaxe graphique de la B.D. est remarquablement adaptable et changeante. Je suppose qu'on peut en dire autant de celle du cinéma, du théâtre ou de l'opéra, mais le spectre des formes de B.D. qu'on retrouve sur le marché me semble bien plus large que celui des films... peut-être parce qu'il est ien plus simple, économiquement parlant, de produire une B.D. d'un style non-conventionnel et donc moins commercial que ce n'est le cas pour une production cinématographique? Des oeuvres comme Memento, the Blair witch project ou Dogville attirent d'abord l'attention parce qu'elles sont peu communes; mais des B.D. comme Riel, Maus, XKCD, Le Testament ou Le Chat du Rabbin attirent l'attention parce qu'elles sont brillantes, d'abord et avant tout. Elles s'intègrent cependant très bien, malgré leur grande diversité en termes de techniques, dans le spectre de ce qui existe en bande dessinée.

lundi 27 juin 2011

Une carte des Noëls passés

La fête de Noël est associée à la joie et la bonne humeur, mais son aspect que je préfère est certainement le mystère. Il y a quelques années j'ai peint ceci pour ma maman en guise de carte de Noël; je voulais évoquer la paix des nuits d'hiver en incorporant un élément apparemment familier, mais qui conserve un certain aspect mystérieux et même quelque peu inquiétant.

Dune

Inspirée par les romans de Frank Herbert, cette acrylique sur papier incorpore un peu de poudre de ciment et de gaze chirurgicale.

Les scènes situées sur Dune se divisent la plupart du temps en deux catégories: de gros vers des sables ayant l'air majestueux, ou des Fremen taciturnes ayant l'air dangereux. Ici je voulais mettre l'accent moins sur l'aspect "aventure" et davantage sur l'altérité de la planète Harrakis.

Le concept initial était une scène de nuit, avec une petite chauve-souris visible dans le ciel (un chiroptère envoyant ses messages distrans, naturellement!) mais cela ne permettait pas de voir les yeux bleus de l'Ibad typiques des habitant de Dune. Qui sait? Peut-être reviendrai-je à cette idée un jour.



Travaillons pour les étudiants

Un des aspects les plus gratifiants de l'enseignement est que sitôt qu'on sait que vous savez dessiner, on vient vous voir pour vous soumettre des projets intéressants!

Voici une fausse marque de bière créée par des étudiants en ingénierie biomoléculaire pour le plan d'affaires qu'ils doivent soumettre dans le cadre d'un de leurs cours. Le nom choisi est l'ancien nom de la ville, et l'étiquette incorpore des images du début du XXe siècle.




Un autre groupe a opté pour une marque de yogourt.




Ici on fait du méthane:



Et ici également, mais plus spécifiquement à partir des résidus d'une brasserie!




Finalement, voici le design pout un t-shirt soulignant l'obtention du diplôme de nos finissants. Je voulais y incorporer différents aspects de la biologie: microbio, anatomie, biochimie... et bien sûr un petit quelque chose de plus! Arrrrrrrrrrrrrrh!!!




Parlant de t-shirts... Le suivant est encore un de mes préférés. Marie Curie, Albert Einstein et Charles Darwin s'y côtoient dans une attitude atypique. J'Imprime encore ce t-shirt de façon régulière pour des levées de fonds destinées aux activités étudiantes.




dimanche 26 juin 2011

Harold Lamb

Harold Lamb est un écrivain américain que j'ai découvert il y a quelques années. Un historien autodidacte, M. Lamb a voyagé un peu partout et a appris de nombreuses langues orientales de manière à pouvoir communiquer avec les peuples qu'il visitait, et lire des textes historiques dans leur version originale. Dans sa fiction historique, publiée dans des magazines comme Adventure, Harold Lamb décrivait avec sympathies ne nombreuses cultures asiatiques. Bien que ses protagonistes soient souvent occidentaux,nombre d'entre eux étaient des Cosaques, des Mongols, des Arabes ou des Afghans. Lamb se tournerait plus tard vers des récits de vulgarisation historique avec des biographies de Tamerlan, de Genghis Khan, d'Hannibal et plus encore, et vers la scénarisation de films. Ses oeuvres de fiction ont été rééditées récemment par Bison books.


En plus d'intrigues astucieuses et de péripéties très dynamiques (Lamb serait une influence majeure sur Robert E. Howard), ces histoires reflètent une grande impression de liberté. Les steppes qu'on y décrit semblent ne pas avoir de limites et on peut y chevaucher pendant des mois sans rencontrer âme qui vive.

C'est cette magnifique isolation que je voulais traduire ici.




samedi 25 juin 2011

Aube dans le Pacifique

Nouvelle tentative de jeu avec les contrastes. J'hésitais entre peindre une eau transparente ou réfléchissant le ciel, et entre lui donner une allure plus sombre et faire miroiter des éclats jaunes et orangés à la crête des vagues. J'ai fini par opter pour des vagues plus profondes et plus calmes.




Le tout fait un peu "poster pour lumière noire" typique des années '70, mais bon. On avait de bonnes bandes dessinées dans ces années-là.

Touaregs

Deux Touaregs se font la conversation dans le désert. La sandale qui se balance semble être le point focal de l'ensemble.


Ici je voulais m'exercer aux contrastes (peut faire mieux!) et à la profondeur (encore raté!) et m'escrimer contre ces rochers si difficiles à peindre. J'ai trouvé que le cure-dent était un outil fort utile en ces circonstances.




Voici le tableau entier:




Mon plus jeune fils a demandé à l'avoir sur le mur de sa chambre, ce qui me remplit de fierté.

vendredi 24 juin 2011

Les origines du Bras d'Orion (suite)

Malheureusement, un certains nombre de choses se produisirent alors.

(a) Je commençai des études doctorales; (b) je m'installai en ménage avec ma petite amie. La production artistique ralentit de plus en plus. Ce fut pire quand nous déménageâmes en Allemagne. (Je réalisai une courte histoire se passant dans le même unvers lors de notre séjour là-bas, mais cela n'aidait pas le livre principal, bien entendu). Et ensuite nous eûmes des ENFANTS! Qui a du temps pour dessiner???

D'un aure côté, l'internet s'était entretemps développé. J'y rencontrai de nombreuses personnes qui furent de vraies inspirations et me donnèrent (de manière virtuelle) le coup de pied au cul dont j'avais besoin pour reprendre le collier. Suivant l'exemple de rigueur de Bret Taylor à Vancouver et Patrick Blaine en Californie, je recommençai à travailler chaque jour sur ce fichu tome un toujours pas fini, même si ce n'était que pour quelques lignes, quelques traits de crayon. Et ainsi, après quelques mois, la nouvelle mouture du tome 1 était finie.

Là, la partie inquiétante du projet commençait... Pendant 20 ans ou presque j'avais travaillé sur une histoire dont le scénario était établi, où le découpage de chaque page était pratiquement coulé dans le béton. Mais il s'agissait maintenant de s'attaquer au tome 3, en plein territoire narratif inconnu!

Bon, ça ne va toujours pas très vite mais le tome 3 a maintenant une vingtaine de pages. L'extrait ci-dessous représente le point tournant de toute la série:



Dans une dizaine de pages, tous les personnages principaux auront été présentés et il ne restera plus qu'à les laisser jouer leur rôle.

Ce qui me plait le plus avec le temps considérable qu'il aura fallu pour en arriver là est qu'à force de ruminer la même histoire pendant des décennies, on trouve le moyen d'en faire quelque chose qui ne sera pas ce qu'on pourrait s'imaginer de prime abord.

Voici une page qui est à la limite de la divulgâchion.




Les origines du Bras d'Orion

Il y a de nombreuses années (en 1978, plus précisément) j'ai commencé une histoire de bande dessinée qui devait faire dans les cinq à dix pages et qui devait faire partie d'une anthologie de courts récits sur différents thèmes. Allez soyons honnête: cette anthologie n'était pas destinée à être publiée; elle devait s'ajouter au catalogue de comic-books que mon camarade Luc Charest et moi produisions en quantité industrielles au verso de feuilles 8 1/2 x 11 que mes parents sauvaient des poubelles. Nous avions à peu près un seul lecteur (l'autre!) pour nos b-d, mais avant que vous ne vous étrangliez de rire sachez que cette entreprise connut un succès qui lui mériterait un peu de respect: en deux ans environ, nous avons terminé au-delà de 80 numéros de 9 pages ou plus. Notre maison d'édition maison avait un peu de tout: des apprenti-Spider Man, des clones d'Iron Man, des Conan en herbe, et au moins un maître du kung fu. (J'avoue librement que Luc avait des idées bien plus originales que les miennes, ma grande force étant plutôt la vitesse d'exécution. Cela a bien changé).

Après tous ces super-héros, je voulais essayer quelque chose d'un peu différent; surtout que sur ces entrefaites j'étais tombé en pâmoison devant les oeuvres de Philippe Druillet. Je commençai donc une histoire qui était clairement inspirée de la série Loane Sloane de M. Druillet. Dans un effort conscient pour donner un ton différent à ce récit, je me mis à utiliser une technique pointilliste pour marquer les zones d'ombre au lieu d'utiliser des traits de plume.

Le scénario était totalement improvisé. Cela commençait comme un western dans l'espace, avec un héros qui doit se battre au pistolet dans un saloon spatial; tout bon lecteur de space opera s'y sentirait à l'aise, ayant fréquenté de tels établissements dans des dizaines de romans et de nouvelles. Le héros réussissait à s'enfuir après avoir flingué quelqu'un à propos d'une dette de jeu, mais il me fallait alors une raison pour que le conflit continue (histoire d'avoir d'autres scènes d'action à dessiner). J'ai donc décidé que la victime appartenait à un équipage de pirates (des pirates de l'espace, youpi!) et que leur capitaine avait la responsabilité de venger son trépas prématuré en raison d'un quelconque code d'honneur observé par les membres de sa profession. Mais voilà: notre héros s'étant enfui dans l'espace à bord de son propre vaisseau spatial, le capitaine pirate ne pouvait pas lui mettre la main au collet!

Qu'à cela ne tienne, j'ai décrété tout de go que le pirate et son équipage appartenaient à un sinistre culte appelé... l'église de la MORT! Ça c'est une église pour pirates! Qui plus est, selon les croyances de cette église au nom ma foi bien glauque, son souverain pontife n'était rien de moins qu'un avatar de la grande faucheuse elle-même (d'où son nom d'Ange de la MORT, rien de bien subtil). Pour accélérer le trépas de quelqu'un, il suffisait d'avoir le cran de se présenter devant l'Ange et de nommer la personne à occire. Et par une de ces coïncidences qui facilitent la vie aux auteurs, l'Ange de la mort habitait justement sur la planète où le récit venait de commencer; en fait, il était carrément dans la même ville que le saloon.

Tout ceci dépassait déjà les 5-10 pages prévues initialement, alors j'ai commencé à ajouter des détails et à me préparer à une histoire plus longue. Peut-être arriverais-je même à pondre 46 pages, comme dans une BD européenne standard? Je donnai donc au héros une motivation dramatique à souhait (il a perdu sa famille, comme tant de héros éplorés), lui donnai quelques pouvoirs mystérieux d'origine mystique, et mis la table pour un combat épique avec l'Ange de la mort et son agent, une fille aux cheveux verts (ce qui ne se voit guère en noir et blanc).

À la fin de l'histoire, parce que dans ce temps-là je finissais effectivement mes histoires, je décidai de rendre le récit plus ambitieux. J'avais, quoi, dix-sept ou dix-huit ans à l'époque, je ne doutais de rien, et ayant investi beaucoup d'effort dans mes premières 47 pages (oui, j'ai dépassé le nombre attendu. Désolé) je considérai continuer en essayant de donner une allure aussi professionnelle que possible à la chose. Je commençai donc à travailler un plan s'étalant sur cinq tomes, un plan dont le thème général était celui des croisades, parce que je venais de terminer le livre d'Amin Maalouf Les croisades vues par les Arabes. Ayant déjà établi que leméchant de l'histoire était un chef religieux et que mon héros appartenait à une religion différente, le parallèle était facile à établir.

C'est fou ce qu'on produit quand on est un ado qui n'a pas de petite amie. En deux étés, pendant les vacances scolaires (et même avec un travail à temps partiel!) j'ai pu terminer le tome 2 de ma saga cosmique. J'avais aussi, à l'époque, atteint ce moment béni dans la vie d'un dessinateur où on devient meilleur de minute en minute, et où le progrès peut se remarquer à chaque page. Mais voilà... cela posait paradoxalement un problème.

Le tome 2 était, sinon de très grande qualité, du moins comparable à plusieurs BD disponibles sur le marché. Mais ce n'était pas le cas du tome 1, dont les premières pages reflétaient bien sûr l'amateurisme de leur auteur de 14-15 ans. Il était clair, à la fin du tome 2, que s'il devait un jour être publié le tome 1 devrait d'abord être refait en entier. Et en un sens, c'était un bienfait: c'était l'occasion de modifier le scénario pour le rendre moins juvénile (l'église de la MORT? Vraiment? Peut faire mieux). En fait, il y avait un tas de choses qui me déplaisaient dans cette histoire: la quête de vengeance d'un héros blessé, n'avait-on pas vu ça des centaines de fois? Une croisade spatiale, n'était-ce déjà pas vieux jeu? Un héros avec des super-pouvoirs, n'est-cepas de la triche? Toutes ces coïncidences qui tombent à pic, ne pouvait-on pas les remplacer par des explications qui tiennent mieux la route?

La ré-écriture a permis d'améliorer bien des choses, sans changer massivement le plan général. Oust, à la poubelle, le combat vengeur de notre héros. Tous ces affreux clichés à propos de prophéties et de destinée et blablabla? Allez, on remanie ça radicalement d'une manière qui n'a pas été lue mille fois! Notre héros habite dans un cockpit de 6 mètres par trois avec un autre homme? Oui, expliquons ça aussi avant que les gens ne parlent. Et puis introduisons des concepts plus sérieux sur la politique, la foi, l'économie, la raison d'état, les droits individuels... Mettons en scène des extra-terrestres vraiment exotiques. N'ayons pas un héros pur et bon et compétent et un méchant complètement vil, veule et corrompu. Ayons des ennemis qui deviennent copains et vice-versa. Bref, écrivons une vraie histoire.

Tenez, voici la première page du tome 1, en 1978:




Et voici la même page, refaite en 1986:



Bran Mak Morn

L'un de mes sujets favoris a toujours été le monde celtique: les cieux gris et tristes de Bretagne armoricaine en hiver, ou ceux d'un pays de Galles ou d'une Écosse, avec leur tumuli, leurs pierres levées et leur légendes où résonne le son biniou et de la cornemuse, où se promènent les fantômes et le petit peuple.

Ici, j'ai voulu illustrer une histoire de l'écrivain américain Robert E. Howard, Kings of the night (les rois de la nuit). Dans ce récit le roi des Pictes, Bran Mak Morn, réussit tout juste à défaire une armée d'invasion romaine. Malgré ce succès, Bran sait que la victoire ne sera que temporaire. À l'inverse de la plupart de ses sujets, qui sont de braves mais de simples gens, il sait que le cours de l'histoire ne peut être arrêté et que l'époque où son peuple dominait l'Écosse tire à sa fin. Je voulais mettre en valeur le sentiment aigre-doux qui l'étreint (avec un accent sur l'aigre) avec ses troupes qui, en arrière-plan, se demandent "qu'est-ce qui ne va pas chez lui, là? On n'a pas gagné?"

Le tableau a commencé par une ébauche à l'encre. Je l'ai numérisée puis imprimée sur quatre feuilles de papier que j,ai collées ensemble. J'ai ensuite peint directement par dessus le dessin, oblitérant le travail à l'encre. Remarquez que je me suis débarrassé des corneilles; le dessin n'avait pas un ciel aussi orageux et je ne voulais pas surcharger le tout.

Je ne procéderai plus ainsi, parce que les jonctions entre les quatre feuilles se voient encore sous l'acrylique.

Voici l'ébauche (encre de Chine sur papier):



...et voici le tableau final (acrylique sur papier).



Un éditeur américain m'a proposé d'utiliser cette image pour la couverture de son magazine (portant sur l'oeuvre de Robert E. Howard). J'ai naturellement accepté avec enthousiasme, mais finalement cela n'a rien donné... Je suppose qu'il a fini par trouver une plus belle image ailleurs. Ça reste un petit succès d'estime. (Tout petit, tout petit).





L'étoile rouge

Je ne désespère pas d'apprendre à peindre un jour, même si jusqu'ici je suis encore plutôt en train de dessiner avec le pinceau.

Ici j'ai été inspiré par une casquette ramenée de Cuba par un de mes garçons; l'étoile rouge y faisait un très beau contraste avec le vert du tissu. Ma première esquisse représentait une jeune fille de Mongolie ou de Chine portant un uniforme beaucoup trop grand pour elle, mais avec un sourire craquant. Malheureusement, l'ébauche s'est avérée (comme d'habitude!) beaucoup plus proche de ce que voulais représenter que le tableau final.




J'ai commencé par un fond vert forêt, espérant qu'il ne rendrait ni la casquette ni l'uniforme trop difficile à distinguer. Ensuite j'ai essayé de peindre le modèle directement... et ce fut un DÉSASTRE! Couche après couche, je ne faisais qu'épaissir l'ampleur de mon échec. J'ai fini par utiliser une bonne dose de peinture bl;anche pour masquer tout ça, avant de tracer les traits du modèle avec un gros feutre; c'est là=dessus que j'ai recommencé à ajouter de la couleur, et ça a plutôt bien réussi. Ce n'est pas le résultat que je visais, mais bon... qui le saura, à part les lecteurs de ces lignes?

Le modèle est plus vieux que ce que j'avais imaginé, et ses cheveux sont plus courts et moins rebelles... mais quand elle est aparue petit à petit, elle avait assez de personnalité pour mériter de rester sur le canevas. Bienvenue, inconnue difficile à peindre!

La bosse sur son nez est malencontreusement due à une accumulation de couches de pigments et à l'incompatibilité de l'acrylique et de certaines aquarelles. Je m'en souviendrai.




Désolé pour la piètre qualité de l'image... je suis encore pire avec une caméra qu'avec un pinceau.