mardi 12 juillet 2011
Palimpseste
Catastrophe, enfer et gâchis! Pas moyen de bien rendre le personnage pour ce tableau! L'esquisse était exactement comme je voulais, mais ici la jeune fille est trop grande, elle a l'air trop vieille, et en plus a l'air bien trop garçon. Et couche après couche de peinture blanche pour corriger la chose, ça ne s'arrangeait pas; en plus, le mur à droite avait l'air trop petit et, tout noir comme il l'était, ressemblait plus au cadre du portrait de la fille qu'au canevas vide où elle allait exercer ses talents de graffiteuse.
(Esquisse:)
Que faire, que faire? Pas grand choix ma foi: on sort le couteau de chasse et on gratte la toile pour en faire disparaître l'acrylique. Et on remet ça! D'abord le ciel, ce qui est trivial, et ensuite le mur... et là l'idée m'est venue que les murs couverts de graffiti sont souvent des successions de couches de dessins et de tags. La réutilisation d'un mur allait de pair avec la réutilisation de ma toile: les deux sont, essentiellement, des palimpsestes. J'avais le titre du tableau, même si je n'avais pas encore le tableau lui-même!
J'ai commencé avec les graffiti eux-mêmes, sachant que si je me plantais ça pourrait pratiquement être un avantage, puisqu'en repeignant par-dessus mes échecs je ne ferais que reproduire ce qui se passe sur les piliers des bretelles d'autoroute. (J'étais un peu nerveux parce que je n'ai aucun talent pour les graffiti; une amie m'a déjà demandé d'en décorer les murs de la chambre de son jeune fils, et ce fut la croix et la bannière pour produire quelque chose de plus ou moins crédible. J'ai aussi appris ce jour-là qu'il ne fallait pas utiliser de bombes de peinture à l'intérieur).
Voici les premières étapes du projet:
J'ai essayé de mettre des mots de différentes langues sur ce mur: il y a de l'espagnol, du mandarin, de l'allemand et de l'anglais, du français et du japonais et quelque chose d'inventé qui ressemble à du sanskrit.
La jeune fille est un peu ratée, en ce qu'elle ne ressemble pas à ce que je voulais. Encore trop grande, et pas du tout comme dans l'esquisse. Elle ne semblait pas non plus avoir la bonne attitude. Mais bon, j'avoue qu'à un moment je me suis contenté de ce que j'avais parce que le grattage de peinture, ça commençait à bien faire.
Il n'y a pas de perspective apparente ici, à part une très légère ombre projetée par le personnage. Le ciel ne s'arrête pas à l'horizon, qui est caché sous le toit, et comme on distingue très bien les semelles de ses bottes on devine qu'elle est vraiment très proche du bord, ce qui donne un léger sentiment de vertige. Ce vertige est aussi celui de l'artiste avant qu'elle commence son travail.
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